lundi 30 avril 2012

Pétrole de schiste à Chéroy ? - La vigilance est de rigueur !

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Chéroy, vendredi 27 avril. 20 h 30.  La première réunion publique d’information sur les nouveaux permis d’exploration de pétrole fait salle pleine… et même débordante ! Plus de 120 personnes s’étaient déplacées sous la pluie à l’appel du tout nouveau collectif « non au pétrole de SCHISTE – Bocage Gâtinais ».

La commune de Chéroy a récemment découvert qu’elle se trouvait sur le territoire défini par le permis nouveau du même nom, en mauvaise passe d’être octroyé aux compagnies Lundin et Concorde . – « Pas grave ! Rien à craindre » aurait répondu à la ronde le conseiller général de Chéroy Jean-Baptiste Lemoyne, il ne s’agit que d’explorer et la Loi « Jacob » interdit la fracturation hydraulique ! »

Certes, mais tout cela est théorique, la réalité ? Elle est sur le terrain : les compagnies ne vont pas se contenter d’investir pour les beaux yeux de la science, ni de rechercher les « poches de pétrole conventionnel » dont même les pétroliers s’accordent à dire qu’elles ont été toutes reconnues et qu’il n’y a plus rien d’intéressant, sauf à descendre dans la roche-mère (citations de M. Roux de TOTAL en  2001 – et de M. Vially de l’IFP en 2012)

En outre, comme le rappelle l’Association des Hydrologues des Services Publics : " tout forage est susceptible d'être à l'origine d'une dégradation irréversible " toute exploration, forage  quel qu’il soit, présente un réel danger pour les nappes phréatiques. Surtout dans la région avec le régime quarstique du Lunain réputé fantasque et ses effets de pollution immédiate (une question d'heures) . Par ailleurs, deux accident de forage purement « conventionnel » à Chailly en Bière sont restés  dans les mémoires.

Enfin, comment se fier aux estimations et promesses pharaoniques des compagnies pétrolières quand tout démontre qu’elles sont fausses et relèvent de la propagande mensongère ?

La présentation faite au cours de cette réunion, nous remet les pieds sur terre. Dans une analyse implacable, non dénouée d’humour, elle  compare les estimations du « trésor sous nos pieds » dans le Bassin parisien aux chiffres officiels de pétrole de schiste récolté dans le Bassin de Bakken (North Dakota.USA) dont la géologie est similaire – mais pas la densité de population ! - (1000 ha/km² en IdF, contre 4 ha/km²au North Dakota).

Car,  dans la meilleure hypothèse, tous comptes faits selon l’Institut Français du Pétrole, il n’y aurait que 1,6 milliards de barils « exploitables » disséminés dans la roche-mère d’Ile-de-France et 500 forages feraient  passer notre « autonomie énergétique annuelle », de 5 jours actuellement à … 15 ou 18 jours par an, pendant seulement une poignée d’années. Pas de quoi faire frémir la balance commerciale ! Les autres promesses sont à l’avenant : il ne faut pas s’attendre à payer moins cher l’essence, ni à inverser la tendance-chômage, les compagnies –toutes étrangères- préférant importer des travailleurs ne parlant la langue des pays exploités – et n’ayant aucune intention de nous faire des cadeaux. Car ce que recherchent ces compagnies plus financières que pétrolières,  c’est un enrichissement rapide des actionnaires.

Le prétexte de recherche scientifique est aussi très suspect : le code Minier autorise en effet les bénéficiaires de permis « de recherche » à exploiter les hydrocarbures qu’ils trouveront, c’est-à-dire de les commercialiser sans avoir à payer de taxes. Mais, comme ces permis sont accordés pour 5 ans et renouvelables 2 fois, les compagnies auront fait le plein de nos richesses en sous-sols avant l'échéance des 15 ans de permis d’explorer…

En revanche, que d’emplois détruits localement, que de pollutions et catastrophes sanitaires, écologiques,  partout où cette industrie, nécessairement violente, a sévi.

Allons-nous vraiment prendre les risques de pollutions et destructions irréversibles, pour … si peu d’avantages ? Allons-nous épuiser et brûler toutes nos réserves d’énergie fossiles en sachant que le changement climatique nous l’interdit ?

Mais que faire alors ?  Les idées fusent dans la salle… Parer au pire, garder l’œil ouvert… un réseau de vigilance s’est déjà constitué entre les collectifs. Il fonctionne. - Ecrire, écrire, écrire… convaincre les élus, locaux, départementaux, nationaux, européens… Eduquer les jeunes… Utiliser tous les moyens de résistances légaux : les maires ont la possibilité d’agir localement.

Et surtout, résister courageusement, manifester collectivement notre détermination, notre refus.

Dans l’assistance plusieurs personnes rappellent qu’il nous faut changer déjà nos mentalités, notre « conditionnement » à surconsommer, à produire trop de « biens » inutiles dont on ne sait plus comment s’en débarrasser… Nous préparer à de nouveaux modes de vie, de partage, de solidarité, de courage, de convivialité, pour préserver un héritage à nos enfants.

Convivialité, courage, partage… Cette réunion organisée et documentée en un temps record par les bénévoles en a donné un bel exemple.

Merci aux « Amis de la Mare », à sa dynamique présidente Isabelle Ksyk, à Isabelle Michaut-pascual, à Patrick Troubadour, aux amis et citoyens des nouveaux Collectifs, aux élus qui se sont déplacés et sont intervenus : les conseillers municipaux de Chéroy, M. Dominique Bourreau, Maire de Villeneuve La Guyard et Conseiller Général du Canton de Pont-sur-Yonne et à tous les habitants qui sont venus s’informer, proposer leurs solutions.

Une seconde réunion est prévue à VOULX,

vendredi 4 mai prochain, à 20 h 30,

à la salle du Mille Club.

vendredi 27 avril 2012

Dans le Dakota du Nord, les flammes du gaz naturel illuminent la prairie

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Ce problème généralement peu évoqué semble avoir été ignoré de nos chers ingénieurs du ministère de l'écologie. Il concerne au premier chef l'Ile de France, dont les resources en pétrole de schiste sont contenues dans des roches d'une structure géologique comparable au Dakota du Nord. 

 

Dans l'ouest du Dakota du Nord, des centaines de feux  s'élèvent au-dessus des champs de blé, de tournesols et des balles de foin. La nuit, ils illuminent le ciel des Prairies comme des lucioles géantes.

 

Ce ne sont  pas des feux de forêt causés par la foudre ou d'autres actes de la nature, mais la combustion délibérée de gaz naturel par les sociétés avides d'extraire le pétrole des schistes bitumineux du bassin de  Bakken et de profiter du prix élevé du brut. Le gaz est extrait en même temps que le pétrole beaucoup plus rentable, alors que rien n'incite à le récupérer, Les foreurs  traitent le gaz en tant que déchet et le brûle tout simplement

 

Chaque jour, près de 3 millions de m3 cubes de gaz naturel sont brûlés en torchère de cette façon - soit assez d'énergie pour chauffer un demi-million de foyers par jour.

Le gaz torché crache aussi au moins deux millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l'atmosphère chaque année, autant que 384 000 voitures ou une Centrale électrique au charbon.

 

Tous compte faits, 30 % du gaz naturel produit dans le Dakota du Nord est brûlé comme déchet. Comme d'ailleurs cela se pratique encore en Russie, au Nigeria et en Iran.

Avec les réglementations gouvernementales trop laxistes cette pratique est employée également pour les schistes Eagle Ford au Texas, et certains autres états .

 

Le Dakota du Nord n'est pas aussi mauvais que le Kazakhstan, mais ce n'est pas ce que l'on attend d'une société civilisée et efficace. Bruler un produit précieux et irremplaçable pour les générations suivantes, simplement parce que c'est cher à mettre sur le marché, est scandaleux a déclaré Michael E. Webber, associé directeur du Centre pour l'énergie ...

 

Les compagnies pétrolières disent que la réalité économique est la cause du torchage dans le Bakken, le plus grand champ pétrolier découvert aux États-Unis durant ces quatre dernières décennies. Ils soutiennent qu'ils ne peuvent pas se permettre de payer pour les pipelines et les usines de liquéfaction pour le commercialiser. Et la réinjection du dioxyde de carbone qui est faite couramment dans les champs de pétrole conventionnel, est plus difficile et coûteuse  dans les schistes moins perméables.

 

"Ce champ couvre 50 000 Km carré, de sorte qu'il faut du temps pour aller tester ce qui est là et ensuite construire un système de collecte et de pipelines, a déclaré Harold G. Hamm, chef de la direction des Ressources Continental, l'un des plus grands producteurs de pétrole dans le Bakken.

Le torchage est un recul de l'industrie car la plupart des champs de pétrole et de gaz aux États-Unis ont développé des équipements pour collecter et traiter le gaz.

Mais la hausse récente de la production de gaz a changé le calcul économique. Le Prix ​​du gaz naturel a chuté à partir de  2008 depuis que de vastes champs de gaz de schiste sont exploités par la fracturation hydraulique et le forage horizontal. Alors que ces mêmes techniques ont ouvert la voie à la production de pétrole de schiste.

 

Avec des prix du pétrole élevés et une forte demande mondiale et des baux à court terme de cinq ans pour les terres dans le Bakken, les foreurs ont constaté qu'il était plus rentable de simplement prendre le pétrole et de brûler le gaz. La construction d'infrastructure pour gérer le gaz ferait augmenter considérablement les coûts et la lenteur du développement, et les efforts déployés jusqu'ici pour utiliser le gaz pour la production d'électricité ont eu un succès limité, car il contient des composants qui posent des problèmes.

 

«Je vais vous dire pourquoi les gens refusent a déclaré Troy Anderson, opérateur principal d'une usine de traitement du gaz dans le Dakota du Nord proprieté de Whiting Petroleum . «Les pipelines sont chers: Vous devez les entretenir. Vous avez besoin d'un permis pour les construire. Ils sont une douleur. "

 

Bien que la capture du gaz soit la meilleure option, les scientifiques disent que le torchage est n'est pas le pire pour l'environnement car la combustion du gaz produit du CO2 dans l'atmosphère qui est moins nocif que l'évacuation du gaz naturel - qui est du méthane-, et qui a beaucoup plus d'impact sur l'effet de serre que le CO2.

 

Jusqu'à présent, les fonctionnaires de la santé du Dakota disent que le torchage n'a pas produit de graves problèmes de pollution atmosphérique. Mais le torchage pourrait éventuellement devenir un autre casse-tête environnemental pour une industrie  déjà l'objet d'attaques sur la fracturation hydraulique, qui pourrait mettre en péril la qualité de l'eau.

 

L'Agence fédérale pour la protection de l'environnement a récemment proposé de nouvelles normes d'émissions atmosphériques pour les puits par fracturation , et elle a également commencé à réclamer aux compagnies pétrolières de collecter les données provenant de la fracturation  et des autres opérations.

 

"Un jour, un régulateur va dire:« Je ne vais pas vous donner un autre permis jusqu'à ce que vous me disiez ce que vous allez faire avec le gaz, "a déclaré Charif Souki, directeur général de Cheniere Energy, qui espère à terme, exporter l'excédent de gaz sous forme liquéfiée.

 

Les écologistes commencent aussi à s'alarmer. "Il est temps pour les organismes de réglementation de porter un regard critique sur les impacts du torchage et de s'assurer que les solutions à ce problème sont trouvées avant la poursuite de l'expansion généralisée de cette pratique», a déclaré Mall Amy, analyste principal des politiques à la Natural Resources Defense Council. Certaines des entreprises qui travaillent dans le Dakota du Nord, y compris Whiting, investiront 3 milliards de dollars au cours des trois prochaines années dans les pipelines et plusieurs grandes usines de transformation et livreront du gaz aux marchés du Midwest plutôt que de le brûler.

Whiting, une société du Colorado qui a été l'un des premiers explorateurs dans le Bakken, voit une valeur particulière dans le gaz qui se trouve ici, car il contient de grandes quantités de propane et de butane qu'il peut extraire et  vendre avec profit

 

«Notre objectif est d'avoir zéro émission", a déclaré James T. Brown, président de Whiting et chef de l'exploitation. "C'est une perte de gaspiller toute cette énergie."

Bien que les projets de Whiting et d'autres pourraient réduire le torchage au cours des deux prochaines années, certains dirigeants reconnaissent que ce sera un problème persistant si l'industrie augmente le nombre de puits dans la zone de 5.000 à un 48000 comme projeté au cours des 20 prochaines années.

 

Wayde Schafer, organisateur du Sierra Club du Nord Dakota conservation, a déclaré que l'industrie avait besoin de ralentir le développement si elle ne pouvait pas protéger l'air. "Vous pouvez le faire rapidement et vous pouvez bien faire les choses", at-il dit.

 

 

D'après Clifford Krauss , New York Times - 26/09/2011

 

 

lundi 2 avril 2012

La contestation prend de l'ampleur

Meaux-16-avril-2011Le mouvement d'opposition au pétrole de schiste dans le bassin parisien fait tâche d'huile. Si le choix du bassin parisien pour effectuer les premières expériences de fracturation hydraulique était du à la plus faible mobilisation des habitants, les promoteurs de cette dangereuse technologie risquent une certaine déconvenue.

 

Il existait  déjà plusieurs collectifs sur le territoire du basin Parisien. Stop pétrole de schiste 77 . Collectif Île de France - collectif sud77 - collectif Briard - collectif 94 - collectif Carmen - collectif dans les Yvelines.

 

Mais depuis l'annonce des 12 nouveaux permis,et les préparatfs des compagnies la contestation prend de l'ampleur.

Plusieurs réunions publiques d'information ont eu lieu et d'autres sont prévues prochainement qui devraient donner naissance à de nouveaux collectifs.

  • Le collectif Carmen à organisé un réunion publique d'information à Charly le 21 février et un débat à Rosoy Bellevalle le 24 Mars , ces deux réunions ont fait salle comble, voir les détails sur le site . http://collectif-carmen.org/ et à Coincy l’Abbaye, à la Celle sous Montmirail, à Chézy en Orxois, à Mont Saint Père, Viffort et Dambleux ;
  • Le 17 mars c'était à Fere en Tardenois ( dans l Aisne )
  • Le 18 mars présentation à Tousson dans le sud du 77
  • Le 19 mars très belle réunion , au moins 300 personnes, à Charly sur Marne , à l'initiative de l'association locale territoires d'avenir . Le collectif non au pétrole de schiste - permis de Mary sur Marne / permis Hautevesnes est en cours de création . Voir le site  http://territoireavenir.canalblog.com/

 

Et ce n'est pas fini :

 

Toute ces manifestions spontanées, de citoyens révoltés par le saccage prévisible de notre région, si nous laissions faire les compagnies pétrolières avides de profits , témoignent que la région parisienne n'est pas aussi passive que certains ont pu le penser.

 

Plusieurs conseils municipaux ont pris des arrêtés visant à interdire la fracturation sur leur territoire, des élus régionaux se mobilisent. Il faut les informer et faire pression pour que tous se sentent concernés et poussés par la population.

 

Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est qu'un début , il faut que dans chaque canton des réunions aient lieu, il faut informer des dangers, car beaucoup sont encore ignorants de ce qui se prépare ou endormis pas loi du 13 juillet 2011. Des collectifs qui pourront relayer les informations, et mobiliser un maximum de monde le jour ou une grande manifestions sera organisée pour montrer au futur gouvernement que nous ne nous laisserons pas faire.

 

 

Non au pétrole de schiste ni ici ni ailleurs.

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