vendredi 21 décembre 2012

"Spire" que tout

mensonge   lettre ouverte à M. Antoine Spire

 

Monsieur,

 

J'ai accepté fort imprudemment de participer à l'enregistrement de l'émission que vous animez sur la chaîne locale CINAPS  "Tambour battant" sur les gaz et pétrole de schistes en France.  Mais  prévenu au dernier moment  par votre secrétariat, je n'ai eu aucun contact préalable avec vous (ce qui aurait été la moindre des choses de votre part) et je n'ai eu aucune information sur les autres invités.

 

Cependant un rapide coup d'œil sur internet m'a mis en confiance, compte tenu de la description que vous faites de votre émission et de vos antécédents d'écrivain intellectuel et humaniste. Hélas ! la réalité allait se révéler bien différente de l'affiche. Il y a en quelque sorte "publicité mensongère"

 

En effet le casting de l'émission était particulièrement déséquilibré puisque comportant quatre défenseurs des  gaz de schistes et que, seul, je représentais les opposants, ce qui aboutit à un temps de parole de 10 minutes sur un total de 80 pour l'unique opposant. Pour une émission se prétendant objective, il y avait déjà là un problème .

 

La première partie de l'émission, sensée brosser un tableau général de la problématique des gaz et pétrole de schistes, était présentée par le plus caricatural des défenseurs de la technologie: M Medaisko. Il suffit pour s'en convaincre de lire son blog et ses outrances poussées à l'extrême . Je suppose que, surchargé de travail,  vous n'avez pas eu le temps de vous renseigner sur le personnage, ce qu'aurait fait un animateur un peu sérieux.

 

La deuxième partie de l'émission "sur le gril" aurait dû permettre à l'opposant de réfuter les assertions inexactes et omissions de M Medaisko , il n'en fut rien . Dans l'échange suivant avec M Leteurtrois, vous vous êtes interposé en censeur, m'empêchant de lui  répondre point par point. Il n'y avait donc pas libre débat  contradictoire entre deux personnes, contrairement à ce que vous prétendez sur le site de votre émission.

 

Pour finir, la 3ème et dernière partie de l'émission, sensée synthétiser le débat et faire des propositions, a consisté en une aimable conversation entre un cabinet de conseil aux pétroliers et un auteur favorable aux énergies fossiles, dont les informations semblent assez loin de la réalité.

 

Tout naturellement votre conclusion se contente de conseiller aux responsables politiques d'autoriser la recherche sur l'exploitation des gaz et pétrole de schistes.

 

Pour en arriver là, il n'était point besoin de se draper dans les habits d'un intellectuel et philosophe objectif et sincère. Il eut été plus honnête pour les téléspectateurs de reconnaître qu'il s'agissait en fait d'une émission de propagande. Je plains ceux qui ont encore la naïveté de croire à l'impartialité de "Tambour battant", qui a comporté tellement d'inexactitudes et de contre vérités sans débat.

 

Tout ceci est bien triste et fait peu honneur à votre profession. Il est regrettable que des fonds publics financent une telle mascarade.

 

Je vous prie de croire, Monsieur, à mon indignation.

 

Philippe Le Corneur

 

 

 

jeudi 20 décembre 2012

PAS CHEZ MOI, MAIS CHEZ MON VOISIN

 

not in my backyardLa France et l'Algérie vont prochainement signer un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l'exploitation des gaz de schiste.

Pourtant, François Hollande s'est engagé à ne pas autoriser la fracturation hydraulique en France tant que cette technique présente des risques pour l'environnement. L’'Algérie deviendrait alors le nouveau terrain d'expérimentation pour des techniques nouvelles soi-disant propres et sans danger . Il s'agit d'éviter les énormes quantités d'eau additionnées de produits chimiques polluants et dangereux pour la santé nécessaires pour la fracturation hydraulique.

 

Quelle que soit la technique, pour libérer les minuscules particules de gaz ou de pétrole emprisonnées dans la roche  il faudra la fracturer d'une manière ou d'une autre.

Si la fracturation était effectuée par une autre méthode que de l'eau sous pression, il faudrait tout de même empêcher les fissures créées de se refermer ; donc, injecter du sable ou des particules destinées à bloquer ces fissures, qui sans cela se

refermeraient, pour permettre aux hydrocarbures  de rejoindre la surface . Pour pouvoir insérer ces grains de sable, ou autres, jusque dans les fissures à 3000 m sous terre, un fluide porteur est indispensable : ce sera vraisemblablement de l'eau additionnée de produits chimiques destinés à permettre leur transit. Nous voilà donc revenus aux mêmes problèmes qu'avec la fracturation hydraulique.

 

La fracturation au méthane éviterait d'utiliser des millions de litres d'eau, mais présente des risques importants d'explosion du fait de la pression énorme qu'il faut mettre en oeuvre.

La fracturation pneumatique, la facturation par arc électrique, la fracturation au CO2 sont des techniques extrêmement complexes d'un coût élevé et ne garantissent pas à ce jour la protection de l'environnement .

Les industriels prétendent pouvoir fracturer hydrauliquement en utilisant des produits sans danger.  C'est oublier que beaucoup des contaminants qui remontent à la surface n'ont pas été injectées, mais proviennent du sous-sol lui-même et des hydrocarbures qu'il contient : métaux lourds, arsenic, éléments radioactifs ou composés aromatiques très cancérigènes.

 

Par ailleurs quelle que soit la méthode utilisée,  on n’évitera pas les pollutions par fuite de méthane, on n’évitera pas l'effet de serre induit par un recours sans fin aux énergies fossiles et on l'on va engager d'énormes investissements, qu'il serait beaucoup plus intelligent de réserver aux énergies renouvelables et à la transition énergétique.

 

 

Philippe Le Corneur